La mission des volontaires du Point-Cœur de Sendai au Japon en vidéo.
29 lundi Juin 2015
Posted Video, Vie de l'Œuvre
inLa mission des volontaires du Point-Cœur de Sendai au Japon en vidéo.
27 samedi Juin 2015
Posted évènements, Vie de l'Œuvre
inLe 15 mai 2015, nous avons fêté à Berlin les 25 ans de Points-Cœur : Jubileumskonzert avec Naoko Togawa et Christoph Ostendorf.
Nous avons proposé à Naoko, une jeune femme qui était pour un mois chez nous à Berlin, de chanter pour Points-Cœur. La réponse a été directe : « Je suis toujours prête à chanter pour Dieu et avec une grande joie pour Points-Cœur ! »
Ce concert fut un vrai cadeau. Naoko avait préparé un très beau programme : des œuvres de Mozart, Verdi, Puccini, Bizet, Händel, presque toutes dédiées à la Vierge Marie. La Providence nous a envoyé un organiste avec qui Naoko s’est très vite bien entendue. Un ami prêtre de la communauté du Chemin Néocatéchuménal a mis à notre disposition l’église Sainte-Marie.
La soirée a été magnifique, toute dédiée à la Sainte Vierge. Naoko en robe rose, l’église baignée de lumière et une quarantaine d’invités avec la surprise de voir arriver le secrétaire de l’ambassadeur japonais à Berlin, M. Honbashi, quelques artistes, des amis du mouvement Communion et Libération (CL), quelques collègues, des amis de la paroisse… et toute la communauté pour le service. La musique semblait monter au ciel en action de grâce. A l’entracte nous avons passé le diaporama de présentation de Points-Cœur. Naoko et son accompagnateur ont vraiment donné le meilleur d’eux-mêmes, devant un public très ému, comme en prière ! Pendant un beau moment les applaudissements ont résonné.
Après le concert les invités pouvaient rester partager le buffet préparé par père Jacques.
A une table, quelques personnes âgées de la paroisse très enthousiastes m’ont demandé quand serait le prochain concert dans leur église ! Ils m’ont partagé leur désir de venir en « pèlerinage » au Points-Cœur.
M. Honbashi a longuement discuté avec père Jacques, et sa femme, chanteuse elle aussi, avec Naoko.
L’organiste, qui voulait partir rapidement après le concert, est finalement resté jusqu’au bout et a proposé à Naoko de redonner ce concert dans sa paroisse à la fin du mois.
Doris, une nouvelle amie membre consacrée de CL ne trouvait pas les mots pour exprimer sa joie de la soirée. En en parlant avec père Denis, elle dit avoir pris conscience de l’importance de l’art dans notre vie consacrée.
Naoko chanta encore dans la salle un extrait de la Traviata : « Goooodiamo, godiamo la vita….! ».
Cette soirée a aussi été une belle expérience d’unité pour notre petite communauté. La surprise des jeunes qui habitent au Points-Cœur et leur joie d’avoir rendu service a été un beau cadeau.
Alina — Allemagne
26 vendredi Juin 2015
Posted Témoignages, Volontaires
inEn novembre 2013, lors de mon premier mois de mission, nous avions fait une « école de communauté » avec les jeunes, c’est-à-dire une sorte de dialogue autour d’un texte. Cette fois-ci nous avions lu un extrait de l’ouvrage écrit par François-Xavier N’Guyen Van Thuan, évêque vietnamien qui fut emprisonné treize ans (il me semble) sous le régime communiste. Son discours est très beau et ce qui l’incarne vraiment, c’est de connaître les circonstances dans lesquelles il écrivait. Il insiste sur toute l’importance de vivre le présent avec tout l’amour dont on est capable. Ce texte m’a marquée et j’ai gardé en tête une de ses phrases qui m’a guidée tout au long de la mission : « Je dois vivre ce moment comme si c’était le plus beau de ma vie ». Une semaine avant ma despedida, donc un an et demi après, nous avons refait une école de communauté sur ce même texte avec les jeunes, et cela me faisait prendre conscience à quel point cette phrase m’avait suivie. Régulièrement, tout au long de ces mois, je pensais parfois subitement en plein milieu de situations totalement différentes : « Ceci est le plus beau moment de ma vie », juste comme ça, pour voir, le temps de me dire la phrase et je n’y pensais déjà plus, mais c’était là, présent : lorsque Milagros et Stacy sautaient à la corde avec un sourire jusqu’aux oreilles, lorsque j’attendais debout dans le bus bondé plus de deux heures, lorsque je faisais la queue au poste de señora Vicky pour acheter ma sauce au piment pour le déjeuner, lorsque je servais un petit thé à Rommy le soir ; à genoux devant le Saint Sacrement avec la musique à fond dans la rue de l’autre côté de la vitre, ou en train d’inventer un dessert pour mes sœurs de communauté ; quand nous riions aux éclats avec les jeunes en jouant à « Jorge » (un super jeu !), quand j’écoutais fatiguée señora Irma se plaindre ou quand Adriano me sautait dans les bras en criant : « Hermanita Flooor ! » ; quand je dessinais sur le trottoir avec Loli et son mate à côté pour me faire la conversation, quand à 5h00 du matin nous luttions contre le sommeil à côté de Sonia aux urgences, et quand nous rejoignions une partie de volley improvisée par les voisins devant le Point-Cœur ; quand également il fallait nettoyer les toilettes sens dessus-dessous de la salle pour les enfants, quand nous prenions un soir tranquille en communauté pour nous faire une pizza et discuter autour d’un verre ou d’un jeu, lorsque nous chantions les psaumes tous ensemble à l’heure des vêpres, après une après-midi passée aux quatre coins du quartier ; enfin, quand Sonia gagnait au « UNO » sous un flot d’auto-acclamations, ou quand Miguel nous racontait les histoires de ces drôles d’animaux de compagnie, quand je marchais la nuit dans le quartier animé au retour de la messe avec un sac de petits pains pour le dîner… Bref je pourrais remplir mille pages de tous les petits instants, et cette simple phrase m’aidait à me souvenir de la valeur qui fallait accorder à tout, non pas dans le sens de vivre constamment dans une forme d’hystérie joyeuse, mais de recevoir comme je pouvais le moment donné, et d’essayer de le vivre « bien ». Car comme dit Van Thuan, c’est en vivant le présent avec beaucoup d’amour que la vie prend tout son sens. Beau programme !
Fabio, un ami de vingt-cinq ans, avait dit à la fin de la discussion ce soir-là : « Je pense quand même que c’est plus facile de vivre ainsi quand on prie, parce que ce n’est pas facile de faire les choses avec amour en toutes circonstances ». Fabio ne parle jamais de Dieu, il est assez sceptique sur le sujet, et ce jour-là, c’est lui qui nous a rappelé l’essentiel à travers ses mots timides : vivre avec sens chaque moment est une grâce de Dieu. « Tout vient de Lui et tout est pour Lui » dit saint Paul. Je crois que cela résume ce que m’ont appris mes amis, ce que m’a fait découvrir Points-Cœur…
Flore — Pérou
25 jeudi Juin 2015
Marianna a terminé ses séances de radiothérapie et a débuté les séances de chimiothérapie. Lors de mes dernières visites, j’ai pu constater que cette petite fille est vraiment très surprenante. Âgée de cinq ans, elle n’est jamais allée à l’école, n’a jamais reçu de cours de catéchisme, vit au sein d’une famille ordinaire. Cependant, elle a aujourd’hui une vraie amitié avec Jésus. Il y a quelques mois, lorsque les médecins ont découvert de nouvelles tumeurs, elle disait être « énervée contre Jésus ». Elle refusait d’aller à l’église. Elle était fermée, agressive, refusait de partager ses jeux, voulant seulement les bras de sa maman. Rossella m’a expliqué que Marianna avait changé de comportement au cours de ces dernières semaines. Elle est désormais plus souriante, accepte de partager ses jeux. Elle accepte de se rendre à l’église. Elle n’hésite pas à rester à genoux durant le chemin de croix. Rossella nous a expliqué qu’elle n’imitait personne car elle même s’était relevée. Lors de la visite de l’église de la Miséricorde divine à Rome, elle a ri aux éclats devant le tableau de Jésus miséricordieux. Elle lui a tiré la langue. Elle maintenait fermement que Jésus lui faisait des grimaces et la faisait rire. A une autre occasion, elle a dit vouloir « donner tout son argent à Dieu », c’est-à-dire qu’elle voulait donner tout l’argent que contenait sa tirelire. Sa maman l’a donc accompagnée le lendemain à l’église pour donner son argent. Elle a refusé d’offrir un cours de danse à sa sœur avec cet argent comme celle-ci le lui demandait. Cette petite fille de cinq ans parle avec Jésus, rit avec lui, souffre avec lui. Elle semble tout lui donner. Malgré sa maladie et grâce aux prières, elle fait un vrai chemin de foi qui entraîne aussi toute sa famille.
J’achève cette mission en ayant le cœur rempli de gratitude. J’ai souvent eu l’impression d’être un simple témoin de la présence de Dieu dans la vie, dans le cœur de nos amis.
Lucie — Italie
24 mercredi Juin 2015
Posted Fiorettis des Points-Cœur
inAmelia est aussi notre amie. Cette femme a la soixantaine passée. Elle clopine du pied gauche et cela nous permet de la reconnaître de loin. Elle vit dans un taudis si humble que sa vraie maison est en fait la rue ! Elle est différente du commun des mortels. On pourrait l’appeler une folle du Bon Dieu, une prophétesse du quartier, une « dérangée ». Comme tous les êtres originaux du quartier, elle est amie du Point-Cœur. Ah oui, il ne faut pas avoir peur d’accueillir le tout venant dans la maison Point-Cœur, elle est faite pour cela ! Amelia connaît tout le monde. Les cuisinières lui offrent des choses à manger dans la rue. Parfois, comme hier, elle s’invite à déjeuner à la maison. Quelle joie de voir à notre table « la place du pauvre » occupée ! Elle souffre d’un cancer au sein, qu’elle commence à le traiter avec l’aide d’une amie qui l’accompagne à l’hôpital. Nous avons peur qu’il soit très avancé. Elle se promène toujours avec un sac en plastique dans lequel on trouve des bouteilles qu’elle récupère pour les vendre au recyclage. Elle en tire quelques centimes. On peut aussi trouver quelques fruits ou légumes que ses amies du marché lui offrent. Ainsi va sa vie. De conversation en conversation, elle se laisse guider par l´Esprit Saint comme elle dit ! Elle est très spéciale, mais elle est libre et elle dit des choses sensées, parfois des choses qui le sont moins… Mais elle se moque du regard des autres. Elle est naturellement Amelia, et c’est ce qui fait sa beauté. Quand on assume ce que l’on est, on devient un sujet d’émerveillement pour les autres. C’est une grande charité que d’être naturel et de ne pas se forger un « moi » qui ne me convient absolument pas. Certes les limites et défauts jaillissent très vite, mais surtout la beauté de la personne, un peu plus cachée, ressort avec plus de force. Et quand on contemple la beauté cachée, ou non, de la personne qui est en face de soi, alors on arrive à faire miséricorde plus facilement, à pardonner. Sinon, c’est plus difficile, car le masque cache tout cela.
Guillaume — Pérou
23 mardi Juin 2015
Posted Fiorettis des Points-Cœur
inLe jeudi, après la liturgie de la Cène, avec toute notre paroisse, nous avons participé à une procession en silence, qui retraçait l’arrestation et la condamnation à mort de Jésus. Sur une plateforme immense était installée la figure du Christ, avec les yeux voilés et les mains enchaînées. Les participants de la procession gardaient le silence. Nous écoutions seulement le son rythmique du tambour et de la chaîne qui frappait le béton. En méditant sur la condamnation injuste du Christ, je me suis rappelée l’histoire de Don Efraim et Dona Alma qui a vraiment habité mon cœur ces deux derniers mois.
Dona Alma est comme ma maman d’ici. Don Efraim, son mari, est avocat. Ils possèdent une très belle maison proche du Point-Cœur. Depuis le début de l’existence du Point-Cœur au Honduras, tous les deux sont très proches de nous. Quand j’étais malade, Dona Alma m’a invitée chez elle, et, avec beaucoup d’amour, me préparait la soupe. Il y a trois mois, Don Efraim s’est fait emprisonner à cause d’une fausse signature qui aurait témoigné de sa participation à une fraude gouvernementale. Il semble que son innocence soit évidente car Don Efraim ne travaillait plus pour le gouvernement au moment de la fraude. Malgré cela, la justice au Honduras fonctionne selon cette règle : premièrement on met l’homme en prison, et puis seulement ensuite, on se demande s’il y a une raison pour le faire. En conséquence Don Efraim, un homme paisible et chaleureux de soixante ans, attend déjà depuis trois mois en prison, la résolution de son cas. Cela dépendra de l’argent que Dona Alma pourra verser aux avocats ainsi qu’à ses connaissances.
Le mercredi saint, nous avons accompagné Dona Alma visiter son mari en prison. Pour pouvoir voir son mari, cette petite dame avancée en âge, attend parfois sept heures en plein soleil, tant la file d’attente est longue. Cette expérience est pour elle très difficile, comme elle le dit elle-même. Son mari, toute sa vie, a essayé de la protéger du mal. Je la regardais, je regardais les gardiens désagréables qui travaillaient lentement, je regardais les femmes qui essayaient de gagner quelques places dans la file et les autres qui crient contre celles qui s’immiscent discrètement. Je les regardais et je pensais : ceci est le vrai chemin de croix. Après, quand Dona Alma est sortie de la visite de son mari, j’ai vu ses larmes alors qu’elle s’interrogeait à mes côtés : « Où est le Bon Dieu? Pourquoi ne peut-on pas percevoir sa présence parmi sa propre famille ? ». Mon cœur s’est déchiré ! Je ne pouvais apporter qu’une seule aide à ma très chère amie, ma maman du Honduras : c’était de prier en silence pour que Dieu lui révèle sa bonté.
Nina — Honduras
22 lundi Juin 2015
Posted Témoignages, Volontaires
inCombien de fois depuis que je suis arrivée, je tends l’oreille à des femmes qui me content la grande souffrance qu’elles vivent au sein de leur couple. Notre quartier est truffé d’hommes qui ont peu d’égard pour la femme qu’ils ont choisie et sans doute un jour aimée. Souvent due à l’abus d’alcool, la violence conjugale est bien trop fréquente. En Equateur (grâce à Dieu, je n’ai pas encore été témoin de cela dans notre quartier) les meurtres conjugaux ne sont pas rares. Ainsi mon cœur bien souvent se remplit de larmes pour ces amies qui sont maltraitées, physiquement ou psychologiquement, qui ne sont ni libres ni heureuses, qui supportent l’insupportable pour leurs enfants, n’ayant souvent pas de solutions pour les faire vivre sans l’appui économique du papa. Ceci dit, alors que j’étais dans une famille bien proche de nous, où je sais combien la relation matrimoniale est douloureuse, nous étions à table avec tout le reste de la famille quand le père de famille passe la porte de la maison. Le silence se fait autour de la table et le papa, voyant que nous sommes là, nous salue. Nous le saluons également. Mais je m’aperçois que tous les enfants ont plongé la tête dans leur assiette de soupe et personne ne le salue. Malgré mon invitation à se joindre à nous, il va directement dans sa chambre et y restera jusqu’à ce que nous partions. Mais je reste saisie par son visage, fermé, triste, solitaire. Je réalise que chaque fois que je l’ai vu, ce fut de la même manière, un peu fuyant, parlant à peine, ou ivre et honteux, ou sobre et fermé. Tout à coup, mon cœur est transpercé par la réalité de cet homme. Quelle solitude au sein même de sa propre famille ! Quel manque de vie ! Et avec lui, je pense à tous les hommes de notre quartier qui ne sont que des ombres pour nous, que nous n’apercevons que de temps en temps, rapidement. Ne sont-ils pas encore plus pauvres que les femmes qui les supportent ? Nous les connaissons pour leurs méfaits, mais nous ne les connaissons pas. La plupart d’entre eux travaillent chaque jour et reviennent ou passent par la maison pour donner un peu d’argent à leur femme et aux enfants, et souvent, leur vie familiale s’arrête là. Le reste de leur vie se résume à quelques vices. A quoi ressemble la vie d’un homme étranger dans sa propre maison ? A quoi ressemble la vie de quelqu’un qui n’a pour toute relation avec sa femme que des ordres et des cris ? A quoi ressemble la vie d’un homme qui trompe sa femme et lui ment ? A quoi ressemble la vie d’un homme qui pour toute relation avec ses enfants entend : « Papa, donne moi de l’argent » ? Quelle vie de pauvre ! Je confie donc à votre prière ces couples, nombreux dans notre quartier, ces femmes qui souffrent en silence, et ces hommes dont la vie est réduite à quelques lambeaux d’humanité…
Laetitia — Equateur
20 samedi Juin 2015
Posted Témoignages, Vie de l'Œuvre, Volontaires
inDepuis notre arrivée, nous voulions rencontrer la Fraternité Saint-Maximilien-Kolbe au Brésil. Cette fraternité, présente aussi en France et dans d’autres pays, est une branche laïque de l’œuvre Points- Cœur, ouverte à toute personne désirant s’engager au service de l’œuvre et souhaitant vivre du cha- risme de compassion dans la vie quotidienne, au travail, en famille, auprès des personnes qui souf- frent, etc. Les membres se retrouvent plusieurs fois dans l’année : l’occasion de partager les expérien- ces, les difficultés et les joies, de grandir dans la foi par l’amitié, les enseignements, et la prière quoti- dienne du chapelet (qui est un engagement assez exigeant quand on n’est pas soutenu par une communauté !). Certains membres étaient déjà passés à la Fazenda pour diverses occasions sans que nous sachions qui ils étaient. Profitant de la présence de Père Guillaume, l’occasion nous a été donnée lors d’une rencontre « Frat’ » à la Fazenda. Nous avons pu nous présenter, raconter notre parcours avec la « Frat’ » en France, exprimer notre désir de rentrer en amitié avec chacun. Les membres sont peu nombreux (dix ou douze). Le peu de disponibilité, le manque de moyens de locomotion et les distances ne facilitent pas l’organisation des rencontres. Cependant, même si tout le monde ne vient pas à cha- que fois, nous percevons qu’ils sont présents d’une autre manière, en vivant du charisme de compas- sion de façon concrète et cachée. Pour notre plus grande joie, père Guillaume nous a sollicités, en lien avec sœur Bénédicte, pour accompagner la « Frat’ », principalement en cultivant nos relations d’amitié avec chacun. Après avoir bien réfléchi et prié, et à la lumière de notre expérience en France, nous avons pensé que la famille était une dimension importante. Pour cette raison, nous avons commencé à visiter les uns et les autres accompagnés de Daniel et de Diego. En effet, ce sont eux le cœur de la Fa- zenda ! Et c’est aussi bon pour eux de s’ouvrir au monde extérieur et de créer des relations qui les fas- sent grandir. Pour les membres de la « Frat’ », c’est une façon bien concrète de s’enraciner dans l’appartenance à cette famille spirituelle, au-delà de nous qui ne sommes là que pour un an et demi. Lors de ces visites, nous partageons un repas ensemble et bavardons de façon très gratuite. Nous pro- posons aussi de prier avant de reprendre la route. Quand nous sommes arrivés chez Lúcia, elle a éclaté en cris de joie : c’était la première fois que Diego venait chez elle. Le bonheur qu’exprimait tout son être nous a touchés ! Elle était si honorée qu’elle ne savait plus qui embrasser en premier… Elle s’est précipitée pour organiser l’espace, trouver un nombre de chaises suffi- sant, s’excusant de n’avoir pas eu le temps de cuisiner un vrais repas ba- hianais, un repas qui nous a cepen- dant semblé excellent. Au cours de notre visite, nous avons été étonnés par sa capacité d’accueil. Son appar- tement, au cœur d’un quartier de type HLM, reste toujours ouvert, comme un Point-Cœur où des en- fants, des voisins en difficulté, passent dire bonjour, demander un goûter, prendre une douche, rechercher une présence, un regard d’amour.
GJ — Brésil
11 jeudi Juin 2015
Posted Fiorettis des Points-Cœur
inVladimir est l’un des amis essentiels de notre quartier. Il connaît le Point-Cœur depuis la première communauté de 2007. J’aime lui dire qu’il est pour nous la mémoire de la communauté. Il nous parle des anciens volontaires, il connaît aussi bien que nous le charisme de Points-Cœur et sait nous le rappeler lorsque nous dévions de notre voie. Son chemin est un bel enseignement de ce que Points-Cœur peut offrir. Je ne crains pas de vous parler de ce qu’il a vécu car lui-même en témoigne chaque fois qu’il rencontre chez nous quelqu’un qui découvre ce que nous vivons. Voici ce qu’il nous raconte.
Vladimir était un homme très différent de ce qu’il est aujourd’hui. Il a connu la déchéance. D’un homme marié avec deux enfants et un travail d’électricien, il est passé à la consommation et le trafic de drogue. Puis peu à peu, il a tout perdu. Lorsqu’il a rencontré les premiers missionnaires de Points-Cœur, il vivait dans la rue, ne mangeait pas et il ne consommait que de la drogue (la drogue peu à peu empêche de s’alimenter normalement, l’estomac en vient à rejeter tout aliment), il ne pesait que quarante-cinq kilos… Son récit retrace une vraie descente aux enfers. Ajoutez à cela qu’il vit dans un quartier où tous se connaissent, devant affronter toujours le regard de ceux qui savent tout de son histoire. Il me semble que dans les premier temps, il venait au Point-Cœur seulement pour demander des choses matérielles, et pour discuter. Il était toujours reçu avec beaucoup de bienveillance malgré sa situation, alors qu’à cette époque tout le monde ne voyait en lui que le toxicomane. Il m’a raconté une anecdote qu’il l’a frappé. Un jour des amis de Viña del Mar (commune fortunée de Valparaiso) sont venus dîner. C’était une famille relativement aisée. En les voyant arriver dans la maison, instinctivement, il s’est levé pour partir. Ce fut pour lui un choc. Se voir à leurs côtés, eux, une famille respectable, saine, lui renvoyait sa propre situation. Au lieu de le laisser partir, les volontaires de l’époque l’ont invité à rester et à partager le même repas. Ce geste lui a fait retrouver le sens de sa propre dignité. Cette situation n’est qu’un événement d’une longue série. Le regard qu’il a reçu dans cette maison lui a permis de se redresser, de retrouver le goût de sa propre existence. Matériellement, ils ne lui ont rien donné de concret, mais ce regard de miséricorde est ce dont il avait vraiment besoin.
Aujourd’hui, Vladimir a fait du chemin. Il s’investit dans plusieurs associations, dans un parti politique, dans la gestion du quartier, il tente de reconstruire sa vie de famille. Malgré cela, il n’est pas sorti tout à fait de la drogue. Il lui arrive souvent de retomber, d’être tenté. Chaque paie qu’il reçoit de son travail est une nouvelle tentation. Nous le voyons toujours beaucoup, et lui donnons toujours ce même regard quoiqu’il arrive, qui soit sur la bonne pente ou qu’il ait rechuté. Voilà ce que m’enseigne cette amitié sur notre mission. Un homme a en effet avant toute chose besoin d’un regard aimant, d’une présence qui accueille sans juger, de quelqu’un offrant un regard miséricordieux. Un homme qui a tout perdu, même sa propre fierté, a besoin d’un regard lui permettant de voir sa propre dignité. Cette rencontre m’a fait comprendre cette phrase que l’on m’a dite lors de ma formation : « Aimer, c’est révéler à l’autre qu’il est beau ». Ou bien cette autre : « Aimer, c’est se passionner pour le destin de l’autre. »
Louis — Chili
10 mercredi Juin 2015
Posted Témoignages, Volontaires
inJe voudrais vous présenter un jeune ami japonais de vingt-et-un ans. N. a perdu sa maman alors qu’il était au lycée. Sa maman pianiste allait souvent en Pologne et est décédée là-bas. Vous imaginez bien la douleur et l’incompréhension d’une mort si lointaine et brutale. N. n’a jamais terminé le lycée et habite maintenant avec son grand-frère et sa grand-mère. Il ne travaille pas, ne fait pas d’études mais dessine merveilleusement bien. Il a une grande culture sur les mangas et aime énormément la France et la Pologne. D’ailleurs N. parle très bien le français. C’est comme si avec la mort de sa maman, on avait coupé la tige de vie de ce jeune. Nous avons rencontré sa grand-mère il y a déjà deux ans à l’église et nous sommes allés lui rendre visite régulièrement – dégustant ses excellents plats ! Petit à petit, son petit-fils s’est approché de nous. Comme dans le Petit Prince, « jour après jour tu te rapprocheras mais pas trop vite… ». Je me rappelle qu’au tout début, il n’osait pas sortir de sa chambre et venait tout juste nous saluer alors que nous étions sur le point de partir. Puis il s’est assis sur le canapé, puis à la table pour nous regarder manger, et enfin nous avons commencé à avoir une conversation. L’amitié s’est beaucoup développée avec Stéphanie car ils ont tout deux la même passion pour les mangas… et donc un vaste sujet de discussion. N. a pris peu à peu confiance et a commencé à venir à la maison. Il faut dire que N. était de ceux qui ne sortent pas de chez eux ou très peu… il accompagnait sa grand-mère ça et là en voiture et c’est tout. Nous avons intégré N. à notre groupe de sport de badminton avec les jeunes adultes et aussi notre petit groupe de projection de films à la maison une fois par mois. N. est un grand cinéphile et a choisi régulièrement les films pour la soirée, ce qui le rend très heureux et responsable de quelque chose !! N. vient régulièrement partager un repas, un temps de prière, faire des jeux à la maison, etc. Il a commencé les cours de catéchisme pour être baptisé dans deux ans, si Dieu le veut. Nous nous rendons compte que la racine de la fleur n’a pas été atteinte loin de là et elle a repris de plus belle. Qu’il est beau de contempler une fleur doucement éclore…
Je ne peux m’empêcher de vous partager un petit mail de sa part reçu il y a peu (tel quel avec la traduction de la partie en japonais en rouge) :
« Chère Sylvie,
Je te remercie de ton encouragement et les photos. Merci beaucoup. Tu me réconfortes toujours. Grâce à toi, je peux vivre. (ほんとうですよ!) C’est tout à fait vrai. Auroreさんのために祈ります。 心の港のために祈ります。 Je prie pour Aurore. Je prie pour Points-Cœur. 何か私にできることがあれば、言ってくださいね。 Si je peux faire quelque chose pour vous aider, fais-moi signe s’il te plaît. . いつもありがとう、Sylvieさん。 Merci beaucoup Sylvie. A très bientôt ! N. »
Sylvie — Japon