Les enfants n’ont qu’un mot à la bouche : « Points-Coeur ! »

À Vieux-Moulin, nous avons aussi pas mal d’amis, et beaucoup sont de beaux trésors pour nous. J’ai découvert cela encore davantage ces derniers temps. Comme vous le savez, nous vivons grâce aux dons. À NDME, surtout en France où la vie est bien chère, Dieu ne nous a pas abandonnés. Chaque fois, Sa Providence se manifeste en un grand geste d’amour pour nous tous. Il y a quelques temps, nous avons cessé de recevoir certains dons, notamment ceux de nourriture. Nous avons dû alors nous remettre à chercher. Nos amis sachant cela, n’ont pas cessé de nous surprendre. Les mamans nous appelaient : «  Je vais aller faire des courses, dis-moi ce dont vous avez besoin en urgence ». Ceci a bien duré une semaine. Sachant que dans notre petit village de Picardie — les familles sont bien nombreuses, et pour la plupart, seuls les époux travaillent — un tel acte de charité nous permet de voir que Points-Cœur est une œuvre merveilleuse de Dieu. Je disais ainsi à une maman de ne pas s’inquiéter et elle m’a répondu : « Paulette, tu ne te rends pas compte. L’amour et votre présence parmi nous, c’est tellement grand. Vous êtes là rien que pour nous. Les enfants n’ont qu’un mot à la bouche « Points-Cœur ». Vous avez donné de votre temps rien que pour nous. Cela n’est rien à côté de ce que vous faites pour nous. » Mais dans ma petite tête, cela n’était pas vraiment grand chose. À travers ces petites choses, le Seigneur nous en réserve des grandes. Nos amis, à travers leur amitié et leur souci pour nous, nous ont démontré cela. « L’amour ne s’écrit pas avec des rêves, il ne nous transporte pas dans des idéaux nébuleux, il ne nous fait pas perdre de vue la réalité humaine. Il ne se transmet pas d’abord par des mots et des idées. L’amour commence par les gestes les plus humbles de la vie quotidienne. Nous essayons très humblement d’incarner notre amour dans les petites choses de la vie. »

Ana Paula — Vieux-Moulin

Au centre de détention, le désir d’une présence

Nous visitons chaque vendredi un centre de détention pour personnes en situation irrégulière sur le territoire thaïlandais. Nous y rencontrons des personnes de tous les coins du monde, qui nous bouleversent et nous font partager un peu d’elles-mêmes, de leur monde. Leur situation est très souvent temporaire et douloureuse, comme un « entre-deux », qui leur semble souvent sans sens. Pourtant, leurs gestes, leurs paroles, leurs regards me rappellent le désir essentiel de nos cœurs : le désir d’une Présence.

K. a neuf ans. Elle vient du Vietnam, plus exactement d’une tribu Hmong. Elle est là avec sa maman et sa petite soeur. Elle a un regard qui vous interpelle et vous demande de l’écouter. Il faut écouter avec son coeur car elle est sourde-muette. Lors d’une visite, elle revenait de l’école du centre et attendait avec les autres enfants que l’on ouvre leur pièce. Pouvant l’approcher sans la grille pour une fois, elle en profite tout de suite pour examiner la petite médaille miraculeuse de la Sainte Vierge que j’ai autour du cou. Elle la touche, la tourne dans tous les sens, puis s’arrête, me regarde, et me serre dans ses bras.

Nous avions connu E. alors qu’il était encore « dehors », à la messe française. Originaire du Congo, il a fui devant le massacre d’une partie de sa famille. Nous le retrouvons maintenant dans le centre. Je m’inquiète de savoir s’il reçoit des visites. Tout lumineux, il répond : « Pas trop, mais je prie mon chapelet chaque jour alors j’ai la visite de Maman Marie tous les jours ».

S. fait partie d’un grand groupe de femmes et d’enfants ouïghours arrivés il y a plusieurs mois. Elle est la seule à parler un peu anglais. Plutôt méfiante au début, elle s’est laissée attendrir par l’attention que nous portions aux petits enfants, qui ne manquaient pas une occasion de venir jouer avec nous. Un jour, elle s’approche, toute voilée, ne laissant voir que ses yeux pétillants : elle veut nous parler. Après un moment de conversation, le silence s’installe. Elle dit timidement : « Qu’est-ce que je pourrais vous raconter encore ?», sous-entendu « pour que vous ne partiez pas ! ».

L’une de nos amies vietnamiennes a été bien malade. Lors d’une visite, elle peut à peine bouger jusqu’à nous. Aussi nous demandons de ses nouvelles aux autres personnes qui sont dans la même pièce. Je fus très touchée de la réaction d’une autre femme qui nous dit : « Moi aussi, je ne dors pas la nuit, comme elle, alors je veille sur elle. Ne vous faites pas de souci, on s’entraide ».

Un homme africain, que je ne connaissais pas, me demande un jour, aggressivement : « Pourquoi es- tu là ? Qu’est-ce que tu fais ici ? » et puis : « Comment tu peux m’aider ? ». Je réponds honnêtement que je ne peux pas l’aider mais que je viens le visiter et discuter avec lui, s’il le souhaite. Sa réaction change du tout au tout et il reprend doucement : « Ah, merci alors. Merci de vous souvenir que nous existons ».

Mathilde — Thaïlande

Avec les soeurs de mère Teresa, au « Hogar de la Paz »

Enfin, j’aimerais vous parler du « Hogar de la Paz » (« Foyer de la Paix ») tenu par les Missionnaires de la Charité (Sœurs de Mère Teresa). Nous y allons tous les vendredis matin pour donner un coup de main à l’étage des jeunes fortement handicapés. Je ne vous en ai jamais parlé car je n’ai jamais très bien su quels mots utiliser. Même si je m’y suis habituée, cela m’a toujours un peu coûté d’y aller. C’est tellement simple et tellement dur que je me sens toujours un peu bizarre là-bas. Pourtant, c’est incroyablement beau l’existence d’un tel foyer de paix au milieu d’un quartier si désordonné. Et c’est réellement une grâce de pouvoir être une petite main providentielle, l’aide d’un jour, dans les tâches quotidiennes si nombreuses pour l’entretien. En réalité, ce qui me provoque à chaque fois je crois, c’est la vocation de ces Sœurs qui sont au service des plus pauvres de la manière la plus totale que je n’ai jamais vue de ma vie. Leur quotidien, ce sont les tâches ingrates et la prière, le tout avec beaucoup d’application. En effet, le grand message de mère Teresa, c’est de faire les petites choses avec beaucoup d’amour. J’aimerais trouver cela génial comme je me l’imaginais et je m’attriste moi-même à ne pas être si emballée au final… Pourtant leur vie est la preuve rationnelle pour moi que Dieu existe car je ne vois pas d’autre explication pour choisir une telle vocation. Tout est pour Lui, c’est Lui qu’elles servent à travers les corps tout maigres et déformés de Sebastian, Vicente, Maximo, Pepe… et moi je les observe et j’essaye de leur couper les ongles, de plier ou de tendre le linge, de donner à manger du mieux que je peux…

Ce qui me coûte je crois, c’est que je ne ressens rien d’incroyable, ce que j’espérais sans doute en venant servir les plus pauvres comme Mère Teresa. Non, tout est comme très « volontaire », rien de très émotionnel. Et pourtant là aussi, j’apprends une autre phase de l’amour : tout n’est pas que grands sentiments. Il y a aussi des actes que nous n’avons spontanément pas envie de faire, des gens que nous croyons ne pas aimer car il n’y a aucune façon de communiquer. Et aimer serait alors s’efforcer de se donner tout de même. Ces jeunes ont parfois même un regard absent et je n’ai rien alors auquel m’accrocher pour avoir l’impression que ma présence sert à quelque chose. Malgré tout, je suis là, nous sommes là et je contemple dans les actes de certains bénévoles ou des Sœurs un mystère que je ne vois pas mais que je sers tout de même, puisque Jésus nous l’a dit : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre vous, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Flore — Pérou

Huit mois après un retour de mission

Cela fait plus de huit mois que je suis rentrée du Sénégal et je rends encore grâce pour cette si belle mission. Les amis que j’ai rencontrés sont bien présents dans mon cœur, ainsi que ma communauté. Nous sommes encore unis dans la prière.

Comme je suis heureuse d’avoir vécu une vie de communauté aussi riche, auprès de ces frères et sœurs qui font encore partie de ma vie aujourd’hui ! Cela n’a pas été facile tous les jours, mais la vie en communauté m’a véritablement touchée et portée. Je sais que nos missions en tant que volontaire sont différentes selon les pays, et que pour certains la vie en communauté peut être particulièrement difficile. Pour moi elle a été une grâce, elle a été donnée comme un cadeau que je ne méritais pas, alors je voulais partager à tous cette joie, pour témoigner combien Dieu est présent dans la communauté.

Vivre ensemble demande une exigence de vérité et d’humilité. Nous nous apercevons bien vite que nous ne sommes pas parfaits. En tout cas, mes frères et sœurs se rendaient vite compte de mes limites lorsque j’étais triste, en colère, fatiguée ! Mais dans ces moments-là, leur regard bienveillant m’aidait à m’accepter comme je suis. L’humour y était aussi pour beaucoup ! C’était en même temps un regard exigeant, qui m’encourageait à donner le meilleur de moi-même, qui n’hésitait pas à me corriger quand mon attitude n’était pas juste. Nous avancions ensemble, dans la confiance, pour nous faire grandir mutuellement. Les plus beaux moments de vérité en communauté furent pour moi toutes les demandes de pardon demandées et acceptées. J’entrai alors au cœur de la vie en communauté : la miséricorde.

Cette miséricorde, j’ai compris d’où elle venait : du Christ, que nous avions chacun comme ami le plus cher, que nous avions soif de rencontrer chaque jour dans l’adoration, la Sainte Eucharistie, la prière, les visages des enfants et de nos amis. Jésus, à qui nous confions nos propres misères en même temps que celles de notre quartier. C’est Lui qui nous donnait son Amour pour le vivre entre nous, et pour aimer ceux qu’Il nous confiait. Je rends grâce pour cet amour vécu avec ces frères et sœurs que je garderai pour toujours dans mon cœur : Père Thibault, Sathish, Alejandra, Jessica, Benjamin, Cesare, merci pour votre amitié, merci de m’avoir accueillie et aimée comme je suis, et de me garder encore dans vos prières !

Charlotte Cherel

Témoignage dans les écoles de France

Je souhaitais vous partager quelques histoires de ce que j’ai vécu ces dernières semaines : nous sommes tous partis, deux par deux, dans différentes régions de France pour intervenir dans les écoles, présenter Points-Cœur et rencontrer les jeunes… Nous avons entre tous rencontré près de sept mille collégiens et lycéens sur ces quelques semaines.

Ce fut pour moi une très belle expérience de partager ce que je vis depuis plusieurs années maintenant, d’être au contact des jeunes, d’écouter leurs questions et leurs souffrances. En parlant avec eux, nous réalisons à quel point cette question de la souffrance les marque, plus particulièrement à cet âge de grande vulnérabilité qu’est l’adolescence. L’un des jeunes nous demandait : « Comment vous faites pour résister face à la violence de la souffrance ? ». Une jeune de 5^ème, alors que nous demandions à la classe quelles sont les souffrances que l’on peut vivre, répondait : « La souffrance d’être jugée ». Nous avons essayé d’être une présence de compassion dans ces établissements, de vivre Points-Cœur simplement, écoutant Andréa (treize ans) au cours d’une récréation, parler de la souffrance du divorce de ses parents, Diana (douze ans) dont on nous apprendra plus tard qu’elle avait fait une tentative de suicide la semaine précédente, Guillaume, jeune autiste en 6^ème qui vient nous voir pour nous dire : « Mais il y a tellement de souffrance dans le monde… il en faudrait beaucoup plus des Point-Cœurs ! ». Mais aussi des professeurs. L’un d’entre eux nous confie : « En vous écoutant, peut-être que les élèves vont se poser la question de la vraie rencontre et arrêter de vivre dans le virtuel… » ou encore une prof qui nous dit en partant : « Vous avez été mon rayon de soleil de la semaine. À travers votre témoignage et votre exemple, j’ai compris que comme prof, on ne sera jamais jugé pour meurtre, mais pourtant, on peut tuer des élèves en ne leur donnant pas le meilleur de nous-mêmes. Vous m’avez donné le désir de vivre avec plus de sérieux le fait d’être professeur d’allemand. »

Jean — France

Les visites : voie d’accès à Dieu et aux sacrements

Jessica. Ex-Calamity Jane du quartier voisin, garçon manqué croisé de Tzigane et de Napolitain qui menait son monde à la baguette avec d’immenses yeux en amande et une bouche mince qui lui barre le visage d’une longue ligne mobile, la voilà dans la sacristie il y a trois mois, toute préoccupée : « Je voudrais épouser un garçon, mais mes parents ne veulent pas ». Imaginez que j’étais assez saisi en la reconnaissant. Connaissant la tête brûlée et les dits parents, j’étais plutôt enclin à donner raison aux parents a priori à ces derniers, mais n’en invitai pas moins la demoiselle à me présenter son doux et tendre. Or une semaine plus tard, ce n’était pas deux tourtereaux que j’avais devant moi, mais toute la famille, avec les parents, une autre sœur avec son homme et leur enfant, et une des petites sœurs, tous avec le désir de mettre un peu les choses à plat avec le Bon Dieu. Résultat des courses : tout ce petit monde vient maintenant chaque lundi pour une demi-heure de caté, et d’ici décembre prochain auront lieu, si Dieu le veut, deux baptêmes, trois premières communions, cinq confirmations et trois mariages.

J’étais chez eux l’autre soir, il fallait voir le spectacle en ouvrant la porte : tous les dix occupés à préparer les gousses d’ail récoltées le matin, des petites sous la table et le père alité avec la fièvre au beau milieu de la pièce. L’un des beaux-fils cuisine, je lui demande comment vont les affaires. Il désigne le chaos joyeux des enfants dans la pièce principale : « Tu sais, moi j’ai vécu ma vie maintenant. Je n’ai plus besoin de gagner d’argent pour moi. Ma joie, c’est eux, alors il suffit que je gagne ce qu’il faut pour les faire manger ». A préciser : Tommaso a vingt cinq ans. Nous nous attablons, je cherche à expliquer le second article du Credo, pourquoi Jésus est venu sur terre. Aniello, le père, une vraie figure de Polichinelle, avec son air madré de paysan et sa ruse cousue de fil blanc, ses continuelles lamentations et son sens pratique inoxydable, interrompt soudain : « Mais alors, le Bon Dieu, pourquoi donc qu’y nous a fait, vu qu’on est tellement mal emmanchés ?! » Trois grosses rides plissent son front maigre au-dessus de son nez osseux. « Eh, répond sa femme Franca, c’est comme nous avec les enfants. On sait bien qu’y vont nous faire des misères, et pourtant on les fait. »

Vous voyez que je récolte bien des fruits de la présence des volontaires, ce qui est vraiment la grâce de Points-Cœur. Tous ces gens qui n’osent pas entrer dans les églises et parler à des prêtres qu’ils tiennent pour des notables, voilà qu’ils trouvent un accès naturel à Dieu à travers nos pauvres visites. Et de notre côté, combien nous nous émerveillons de fréquenter ces gens-là, ce petit monde si banal, où rien de « grand » ne se passe. C’est une expérience si simple et si vraie qu’elle touche tout un chacun.

P. Jean-Marie — Naples

L’accompagnement à Points-Coeur : la grâce des journées de retraite

Dans cette seconde moitié du mois de mars, le père Laurent Pavec, prêtre de Points-Cœur au Chili, est venu nous visiter. Il a proposé une journée de retraite dans la maison des Sœurs de Points-Cœur au sud de Lima. Nous avons eu la joie d’emmener une dizaine d’amis de la Ensenada dont Enrique et Junior. Ce sont deux jeunes de vingt ans qui se sont beaucoup rapprochés de notre maison ces derniers temps. Ils ont une quête spirituelle forte et ils cherchent le Christ. Cette petite journée ponctuée par la prière, la messe, des petits topos du père, une vidéo, des temps d’échange, a été un véritable temps de joie et de rencontre personnelle avec Jésus. A la fin de la journée, nous avons échangé avec le père Laurent sur des questions qui nous tenaient à cœur, sur des évènements vécus qui nous ont marqués. Cela coûte de se lancer parfois, mais cela fait beaucoup de bien et les autres vous révèlent des choses insoupçonnées. Nous découvrons des beautés et des souffrances cachées chez les personnes qui osent parler. Et cela rapproche du Christ. Et l’on se rend compte que l’homme est un véritable sanctuaire où Dieu habite. Le changement a été radical. Nous avons tous expérimenté que Jésus a été parmi nous ce jour-là. Il n y avait qu’à regarder les visages. Ils montraient une joie que le monde ne donne pas et est incapable de donner. Une joie profonde qui vient de la certitude d’être aimé pour toujours. Sur les visages se lisait une reconnaissance, tous nous riions. Vraiment cette journée a été si simple et si remplie de Dieu ! Rien qu’en me remémorant cette journée, la joie me revient. Puissance de Dieu qui passe dans le silence d’une journée de retraite. Nous avons grandement besoin de nous rebrancher sur Jésus. Grâce à ces expériences, nous reprenons conscience de l’essentiel. Nous sommes aimés d’un amour fou par le Christ et en être conscient transfigure le quotidien. L’amour devient facile, la joie se diffuse d’elle-même. Mais moi le premier je l’oublie et le quotidien devient plus lourd. Il faut y revenir toujours, toujours ! Ce qui est beau, c’est que l’on se rend compte de l’amour de Dieu notre Père à travers d’autres personnes.

La semaine suivante nous avons vécu une retraite de trois jours avec la communauté des Sœurs, la communauté de Points-Cœur du centre de Lima, et la nôtre. Le père Laurent nous a donné des enseignements simples et concrets sur le mystère de l’amour, l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Nous avons regardé Limelight de Charlie Chaplin, un film très beau sur la puissance de l’amour humain. Nous étions sur un site donnant sur l’océan Pacifique, un lieu superbe pour méditer sur le sens de notre mission, le sens de notre vie. Quelle joie de plonger dans les vagues fraîches du Pacifique ! Cela me rappelait la côte basque ! Le père Laurent m’a donné de beaux conseils pour continuer mon chemin.

Guillaume — Pérou

« Où ai-je rencontré la beauté aujourd’hui ? »

Dans cette lettre, j’aimerais bien vous parler de la beauté de ma vie ici. La beauté, qui remplit ma réalité d’une telle manière que chaque soir, je pourrais écrire un chapitre du livre intitulé : « Où ai-je rencontré la beauté aujourd’hui ? ». Je dois beaucoup de ces expériences « artistiques » aux enfants de notre quartier, qui m’enchantent non seulement par leur beauté extérieure, mais aussi par leur joie et leur simplicité enfantine. C’est un miracle que, malgré les difficultés qu’ils sont obligés de porter depuis l’enfance, ils ne perdent pas leur innocence. Samantha et Alison vivent dans des conditions très modestes ; ils aident leur maman à faire frire et à vendre des tortillas. Leurs vêtements sentent toujours comme un feu de camp. Quand elles viennent au Point-Cœur, elles jouent avec des poupées, comme chaque fille rêvant d’un prince et d’une maison pleine d’amour.

Une fois par semaine nous allons jouer avec les enfants dans un quartier voisin de Providencia suscitant l’enthousiasme de toute la rue. Les enfants viennent de tous les côtés en criant : « Los gringos ! ». Pour moi, c’est une opportunité merveilleuse de remonter dans mes années d’enfance en jouant à cache-cache et au dodgeball. Un jour, dans un groupe de tout-petits avec lesquels nous jouons habituellement, il manquait Ruby. Nous avons appris qu’elle était malade et nous avons donc décidé de lui rendre une petite visite. Alors que nous montions les escaliers, Ruby, un peu gênée, nous a dit : « Oh, mais il y a un graaand bazar… — Peu importe Ruby, ne t’inquiètes pas », lui ai-je répondu. En effet, dans cette petite chambre, nous avons vu un tas de vêtements éparpillés partout et des paquets de chips. Ruby était assise seule devant la télé. Dans la chambre à côté, dormait son oncle ivre. Les parents travaillaient. Ses frères jouaient dans la rue. Nous sommes restées avec elle en regardant son conte de fées préféré et nous lui avons souhaité un prompt rétablissement. Dans mon cœur, j’ai prié pour Ruby et pour sa santé. Quand elle s’est sentie mieux, elle a couru à la maison avec ses frères, et depuis ce temps, presque chaque après-midi, ils passent au Point-Cœur. Je pense que notre visite était pour ma petite amie la présence dont elle avait besoin et qui a ouvert son cœur. C’est un tel « rien ». Je veux dire : je ne fais rien, Dieu fait tout, à tel point que je suis souvent surprise que notre présence si pauvre puisse effectivement porter des fruits.

Nina — Honduras

La sainte Communion aux malades

Dès le début de ma mission pratiquement, j’ai pu donner la Sainte Communion aux malades et aux personnes âgées dans leur maison. Ayant commencé ce ministère grâce à niña Rosa (je vous ai écrit quelques mots sur elle voilà à peu près un an), je peux désormais distribuer la Sainte Communion dans les maisons tous les dimanches. C’est si naturel que les malades puissent recevoir la Communion chez eux ! Actuellement, après la Sainte Messe de 9h du matin, je visite trois personnes : niña Filomena, niña Julia et niña Melina. Je n’oublie pas non plus niña Marta qui est partie rejoindre le Père, entourée de ses enfants et petits-enfants. J’ai la grâce de pouvoir être témoin de la grande foi de ces personnes qui réellement attendent le Seigneur. Ils sont précieux également ces moments au cours desquels je marche avec le Saint Sacrement dans les ruelles de notre quartier. J’essaie toujours alors de prier le Seigneur afin qu’Il bénisse les personnes qu’Il rencontre, qu’Il croise dans la rue. Plusieurs fois déjà, des voisins de personnes malades m’ont demandé de passer chez eux avec les sacrements. C’est comme s’ils attendaient la confession, le sacrement des malades et la Communion pour partir en paix à la rencontre du Seigneur quelques semaines plus tard, parfois même le lendemain. C’est une chose assez banale pourtant, qui arrive dans toutes les paroisses et pour tous les prêtres. Cependant, je ne cesse de m’émerveiller et de me réjouir pour cela et je ne me lasse pas de proclamer la Miséricorde Divine.

Il est important en même temps de mentionner dans notre paroisse la présence de deux ministres extraordinaires de la Communion, Armando et Lorenzo, qui effectuent un grand travail !

P. Szymon — El salvador